

INTERVIEW SUR RFI RADIO Broadway Melodies (18/03/2009)
Broadway Melodies par Bruno Pfeiffer dans Liberation.fr
« La comédie musicale passe à tort pour un genre mineur. Erreur grossière. Sait-on assez que la plus grande partie du répertoire des jazzmen du vingtième siècle en provient ? Sans les chansons concoctées par Cole Porter, Irving Berlin, George Gershwin, Mercer, Hammerstein, Rodgers et Hart, ainsi qu’une flopée d’auteurs moins connus, les grands artistes de la musique afro-américaine auraient été sérieusement en panne de matériaux.
Une compilation («Broadway Melodies») sortie sur le label Dreyfus Jazz met en lumière le rôle déterminant des compositeurs de Tin Pan Alley, du nom du quartier des éditeurs de musique de New York, où ceux-ci travaillaient exclusivement pour les comédies musicales, entre les années 30 et 50. Par la suite, avec l'essor du cinéma, paroliers et mélodistes composeront pour des stars, comme Fred Astaire ou Bing Crosby. L'interprétation par ce dernier de «White Christmas», standard emblématique, décrocha le record de chanson la plus vendue pendant des décennies. Le titre fut repris par Ella Fitzgerald, Charlie Parker, et même Elvis Presley. Entre autres.
Pilote du projet de collection « Jazz Référence », sur le même label fondé par son père, Chloé s'était déjà attachée à restaurer les enregistrements de jazz traditionnel «pour amener les jeunes au jazz»… La collection, qui compte des dizaines de titres, est inévitablement citée dans les discographies comme l'album par excellence pour chaque artiste enregistré avant les années soixante. Chloé chiffre à un million les disques qui ont déjà été écoulés. Elle comptait bien éviter le piège du CD pour puriste: le résultat dépasse toutes les attentes. Chloé s'est attachée à alterner les rythmes. Elle a trouvé les morceaux qui touchent, l'enchaînement qui passionne.
Chloé a remis la barre à la même hauteur pour «Broadway Melodies». Cette fois, elle a pu juger l'impact des airs des comédies musicales dans des clubs parisiens. Le public a mordu. Un hommage à son flair : l'immense Michel Petrucciani, un ami de la famille Dreyfus, décédé il y a dix ans, lui avait déjà rendu une sacrée révérence en lui dédiant le morceau «Chloé meets Gerschwin». La directrice artistique avait enrichi la panoplie de standards de l'autodidacte. Le pianiste ne s'était pas trompé sur le service rendu. ».
